Cap de la quarantaine et périphérie du cool, racontés depuis l'Essonne. Mon autre publication sur Kessel : le feuilleton littéraire "Glory Box".
J’ai douté, un instant. D’être la bonne personne, de pouvoir répondre à ses questions. J’ai demandé à Radia, étudiante à la Sorbonne, si elle était sûre. Je n’ai jamais mis un pied sur un shooting, ne vais pas aux défilés, ne travaille pas avec des marques ou des mannequins. Je ne suis pas « journaliste de mode » au sens où on l’entend.
C’est tellement cool de revivre un truc pareil, à 40 ans passés. Former une bande, une bande de filles.
Un souvenir par an, d’aussi loin que possible.
« Et tu n’es pas rentrée pendant deux semaines ? » Ma fille n’en est pas revenue, en découvrant la date sur mon journal de bord. Celui de ma classe de mer 1987. Oui, à 6 ans et demi, j’avais passé quinze jours sans mes parents, ni aucun membre de ma famille.
En juin il y a la fête des pères et l’anniversaire de ma mère. Et je n’ai rien écrit. Ni sur les réseaux sociaux, ni dans mon journal. Rien mis en mots.
C'est un détail que je remarque instantanément chez quelqu'un. La mauvaise couleur. La mauvaise palette. Je le garde généralement pour moi. Préférant attendre le jour où la bonne teinte survient, pour pouvoir faire un compliment enthousiaste.
Et tous les mois, j’assume de ne pas être assez connue pour écrire ce que j’écris.
« Vous êtes sûrs pour le prénom ? Vous savez ce qu’on dit, ça influence le comportement. »
C’est en lisant le compte-rendu médical que je l’ai vu. Ce mot dont je me suis protégée si longtemps. Ce mot qui avait été prononcé une seule fois, il y a plusieurs années, et plus depuis. Plus devant moi. Ce mot que j’avais pris pour une provocation, un abus de langage.
Il y a des photos de moi à tous les âges, j’y vais avant même de savoir fabriquer des souvenirs. J’y ai grandi, j’y ai pleuré. J’y ai été bébé, enfant, adolescente et mère. J’y ai suivi toutes les traditions familiales avant de les transgresser.