Cap de la quarantaine et périphérie du cool, racontés depuis l'Essonne
C'est un détail que je remarque instantanément chez quelqu'un. La mauvaise couleur. La mauvaise palette. Je le garde généralement pour moi. Préférant attendre le jour où la bonne teinte survient, pour pouvoir faire un compliment enthousiaste.
Et tous les mois, j’assume de ne pas être assez connue pour écrire ce que j’écris.
« Vous êtes sûrs pour le prénom ? Vous savez ce qu’on dit, ça influence le comportement. »
C’est en lisant le compte-rendu médical que je l’ai vu. Ce mot dont je me suis protégée si longtemps. Ce mot qui avait été prononcé une seule fois, il y a plusieurs années, et plus depuis. Plus devant moi. Ce mot que j’avais pris pour une provocation, un abus de langage.
Il y a des photos de moi à tous les âges, j’y vais avant même de savoir fabriquer des souvenirs. J’y ai grandi, j’y ai pleuré. J’y ai été bébé, enfant, adolescente et mère. J’y ai suivi toutes les traditions familiales avant de les transgresser.
Ce que votre cauchemar récurrent a à vous apprendre.
« Je sais que j’ai une expression assez inamicale sur le visage, au naturel. »
Tout a commencé par un chef-d'oeuvre, un chef-d'oeuvre qui me tombait des mains. Je m'étais entêtée cent pages, en vain. Ne fallait-il pas être patiente ? J'en avais passé le cap, franchi celui de l'agacement. Quelque chose n’allait pas, n’allait plus, dans cet exercice d’abnégation que l’on exigeait de moi.
De la petite fille modèle, je n’avais pas la netteté, avec mes cheveux en épi, mes ongles rongés et cette manie de trouer mes pantalons au genou. Quelque chose était toujours « dérangé » sur moi et gâtait le tableau d’ensemble. L’écolière introvertie avec toute sa panoplie, vêtements sages et parfums compris.
Tout était sur les rails pourtant. On avait validé le synopsis, le calendrier, on discutait du contrat, du montant de l’à-valoir. Me faire éditer, bien sûr que c’était mon plan, au départ.