Le Debrief

Cap de la quarantaine et périphérie du cool, racontés depuis l'Essonne. Mes autres publications sur Kessel : les livres en ligne "76 kilos" et "Glory Box".

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Par Charlotte Moreau
31 oct. · 4 mn à lire
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#50 Mes quatre obsessions vestimentaires

Il y en a peu, il y en a quatre, une par saison, mais je peux compter sur elles pour revenir me hanter chaque année sans faillir.

Mes obsessions vestimentaires ont toujours le même contour : une quête d’abord un peu vague, puis de plus en plus affûtée avec le temps. À force de connaître ma morphologie et ma colorimétrie, je sais précisément ce que je veux, et justement parce que je sais précisément ce que je veux, je ne trouve pas. Jusqu’à ce que parfois… le miracle arrive. 

AUTOMNE - L’obsession d’un pull jacquard

Je commence à toucher un peu ma bille en colorimétrie et croyez-moi, l’automne est une purge pour les gens comme moi. Car chaque année, 90% de l’offre en prêt-à-porter se concentre sur la même palette de couleurs boisées et orangées, censées évoquer le réconfort d’un chalet en rondins, d’une balade à Central Park ou d’un chocolat chaud. Pendant que ma palette à moi, celle qui me donne l’oeil et le teint frais, n’a pas changé : on est toujours dans la team couleurs froides et vives, un pied dans la banquise, l’autre dans un aquarium de poissons tropicaux. Autant dire que pour trouver un pull jacquard dans cette vibe-là, je sors les rames. La plupart des tricots de tradition « fair isle » ou « norvégien » sont fidèles aux fibres naturelles et dès qu’on va vers des teintes un peu plus soutenues, soit on tombe dans l’exercice du pull de Noël (qui n’est pas du tout mon délire), soit on empile les strates de critères : quand les couleurs sont bonnes, c’est le motif qui ne me convient pas, quand le motif et les couleurs sont ok, c’est la compo… Une galère. Je m’apprêtais à lâcher l’affaire l’an dernier, quand je suis tombée sur ce vieux shooting de la journaliste et autrice Pandora Sykes chez Coveteur.

Pandora Sykes et son pull jacquard parfait - Coveteur (2015)

Du bleu marine, du rouge, du blanc, le motif bien graphique, rappelé sur les manches et à la taille. « Ok c’est exactement ça que je veux, donc ça existe ». Il est vintage ? Pas grave, je confie le dossier à mon ami Google Lens. Qui saura me trouver un équivalent, ça doit bien se faire quelque part. Un an plus tard, après en avoir logé des cousins bif bof chez J. Crew et Ralph Lauren, je cherche encore. Et louche sur un énième pull rouge vif, parce que ça, au moins, je n’ai aucun mal à trouver.

HIVER - L’obsession des boots « de montagne »

Oui je sais, j’ai déjà des Moon Boots et des Sorel. Et je vis en région parisienne, ce qui me vaut des regards interloqués à chaque fois que je les dégaine, et de me faire chambrer par mes followers du Québec. D’autant que lorsqu’on part en famille « à la neige », je culpabilise d’entasser plusieurs paires dans la voiture (dont le coffre est occupé par Tonnerre et ses 50 kilos). Pour chaque paire, ça représente donc une à deux semaine de cost-per-wear par an, à tout casser. Alors d’où me vient cette nécessité des boots « de montagne » ? Un réflexe identitaire, une sensation d’y être chez moi et moi tout court, une grande tambouille esthétique mélangeant à la fois les codes de la pompe de chantier, de rando et ceux de la botte fourrée, les Timberland, les Danner, les Moon Boots, les Ugg, les Palladium sans compter leurs cousines snob chez Chloé ou Isabel Marant.

Sienna Miller et ses boots « Knowles » Isabel Marant

Et quand je dis « sans compter » je le dis vraiment, parce que pas moyen de mettre 400 euros dans des pompes fragiles (oui, pour moi luxe = fragile, je ne crois qu’aux marques techniques et/ou spécialisées, expertes de leur sujet). Et si vous avez en tête les mêmes références que moi et bien suivi ce qui précède, vous aurez remarqué un détail d’importance : ces chaussures sont souvent marron = pas dans ma palette. Promesse pour moi de réjouissants challenges vestimentaires, vu que je passe 95% de mon année avec soit du noir soit du blanc aux pieds. Et que ma garde-robe est entièrement construite autour de cette donnée-là. Pour l’heure, le désir d’une paire caramel avec des lacets rouges prédomine et parmi elles, les UGG « Alpine Lace Up » tiennent la corde, mais comme elles ne sont pas encore complètement parfaites (il faudrait que je me procure d’autres lacets, plus vifs, et tant qu’à faire une version bleu Klein aussi), je temporise. Jusqu’à l’année prochaine ?

PRINTEMPS - L’obsession d'une veste à carreaux

J’aime les carreaux et ils me le rendent mal. Chemise de bûcheron, top et sac vichy, manteau ou veste Prince-de-Galles… Je ne compte plus le nombre de targets qui peuplent mes boards Pinterest sans jamais atterrir dans mon placard. Et parmi elles, la plus vivace : le blazer gris. Ce blazer que la terre entière portait entre 2016 et 2019, souvent avec une chemise en jean et/ou des Vans, et dont je ne cesse de rêver depuis. 

June Sixty Five et son blazer H&M (2016)

Je parlais de critères cumulatifs un peu plus haut, celui-là bat tous les records. Il faut que ce soit le bon gris (froid quasiment bleuté), que le motif soit bien contrasté pour se distinguer de loin et que le blazer soit fitté pour ma carrure, à savoir ajusté et long, parce que les coupes boxy/courtes/oversized ne me réussissent pas. Pas besoin d’épiloguer, vous devinez ce qui suit, à savoir rien. Pour l’instant ce blazer n’existe pas. Et la version manteau non plus d’ailleurs. 

Yasmin Sewell et son manteau Prince-de-Galles (2016)

ÉTÉ - L’obsession d’une robe midi

L’été dernier, j’ai viré toutes mes robes. Oui, toutes sans exception. Leur tort : me donner un coup de vieux, notamment à cause d’une longueur midi bâtarde, trop proche du genou et qu’il m’a fallu plusieurs années pour entrevoir. Oui, les prises de conscience me prennent du temps, il me faut beaucoup de photos, beaucoup de comparaisons et tomber sur une pièce plus flatteuse pour avoir des épiphanies. Moi qui vous parlais donc régulièrement de ma robe-d’été-facile-à-vivre-et-qui-n’existe-pas (vous vous souvenez de ce post ?) j’ai ajouté un critère de plus à ma liste déjà longue : il ne faut pas qu’elle soit midi mais midaxi. Juste au-dessus de la cheville, et quand on fait 1m74 (ce qui n’est pas si grand mais pas tout petit non plus) eh bien on prend son mal en patience. C’est avant même de redémarrer ma quête annuelle en juin, que l’Élue m’est apparue - j’avais prévenu qu’il y aurait un happy end dans cette newsletter !

Robe Zara en lin et lyocell (2024) 

L’encolure américaine est un gros « go » pour mes épaules carrées, la longueur idéale (j’ai les jambes plus courtes que la dame), le dos nu suffisamment haut et bien drapé pour mon bonnet C - avec un point de couture chez ma retoucheuse pour que ça ne bâille pas - et la coupe assez floue pour faire oublier mon ventre, dont vous savez, si vous lisez « 76 kilos », à quel point je ne lassume pas. Reste une allure un peu « dressy » sur moi qui n’est pas tout-à-fait ce que j’imagine dans une robe d’été facile à vivre, mais à un moment donné faut arrêter de se planquer. J’en ai donc acquis deux : une pour la porter et… une seconde pour pouvoir la faire démonter et reproduire dans d’autres couleurs / imprimés. Parce qu’à la base, haha, je voulais éviter le noir. Mais après quoi, neuf ans de quête (je me souviens que ça a démarré après ma première grossesse), quand t’as trouvé la bonne coupe pour toi, celle qui te va même sur les photos, faut la faire fructifier.

RV le samedi 30 novembre pour le prochain Debrief 

À propos de moi 

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  • Découvrez mes deux récits publiés sur Kessel : 76 kilos, sur le tabou du poids (à commencer par le mien) et Glory Box, 22 chapitres autour de la célébrité et de mes débuts dans le journalisme.

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