Le Debrief

Cap de la quarantaine et périphérie du cool, racontés depuis l'Essonne. Mon autre publication sur Kessel : le feuilleton littéraire "Glory Box".

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Par Charlotte Moreau
30 nov. · 9 mn à lire
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#43 Sur le tard

J’ai douté, un instant. D’être la bonne personne, de pouvoir répondre à ses questions. J’ai demandé à Radia, étudiante à la Sorbonne, si elle était sûre. Je n’ai jamais mis un pied sur un shooting, ne vais pas aux défilés, ne travaille pas avec des marques ou des mannequins. Je ne suis pas « journaliste de mode » au sens où on l’entend.

Mon parcours est atypique, mais il intéressait Radia quand même, elle avait un questionnaire long, fouillé, et il y avait une énergie étonnante dans ses messages. Un calme immense et courtois, presque solennel. Alors je lui ai répondu.

Après tout oui, je ne suis pas « journaliste de mode » au sens où on l’entend, et c’est peut-être une bonne chose, qu’il y ait aussi des gens comme moi, qui viennent d’ailleurs, qui parlent d’ailleurs et qui travaillent un peu différemment. Dans mon feuilleton littéraire « Glory Box », je raconte mon passé, les célébrités, les voyages, les reportages. Et si je parlais du présent ? 

Dans cette newsletter, je relaie mes réponses à Radia mes journées-types, la manière dont mes attributions au ELLE s’incarnent concrètement pour moi, si elles ont changé ma vie ou pas, qui sont mes interlocuteurs, comment je gère mon agenda, quelles sont mes intentions quand j’écris, les pièges que j’aimerais éviter, les qualités nécessaires pour un aspirant journaliste dans ce secteur-là. 

Pour un autre point de vue sur ce sujet, je vous recommande également la newsletter de Géraldine Dormoy « Lettre à une ado qui voudrait devenir journaliste de mode », parue en février dernier sur Substack. 

Pour ma partie, voici mes réponses. Merci Radia de les avoir demandées et attendues. 

Pouvez-vous me parler de votre parcours professionnel en tant que journaliste de mode ?

Je ne suis pas journaliste de mode au sens où on l’imagine traditionnellement : participation à des shootings, sélection produits, critiques de défilés… Je ne suis pas, comme on dit, « rédactrice mode ». Je suis journaliste pop culture et société et c’est à ce titre que j’écris sur la mode. Au ELLE, je suis chargée de décrypter notre rapport au vêtement avec un regard sociétal. Et je fais ça depuis peu de temps, au regard de mon parcours professionnel.  J’ai 42 ans, j’ai écrit mes premières piges (pas sur la mode) en 1999, je suis journaliste pop culture full time depuis 2004, mes premiers articles mode remontent à 2011 (quand j’étais au Parisien, mais la rubrique mode n’a duré que deux ans), et j’écris donc sur la mode de manière journalistique et étendue uniquement depuis 2021, d’abord sur le site ELLE.fr puis depuis l’automne 2023 dans le ELLE papier également. La mode est donc une petite partie de mon activité, relativement récente, et à côté de ça, je continue mes articles pop culture et société. D’écrire sur Justin Timberlake ou sur le travail des femmes.

Comment décririez-vous votre rôle en tant que journaliste de mode ?

Mon rôle aujourd’hui ce n’est pas d’expliquer comment porter une tendance. C’est de l’interroger, comprendre d’où elle vient, ce qu’elle raconte des femmes en général, dont l’histoire vestimentaire est sans cesse marquée par une problématique d’émancipation. S’émanciper des vêtements inconfortables et de l’obligation d’être impeccable. Par exemple, ce n’est pas moi qui vais vous dire quelles sont les 30 pièces à shopper chez Zara cet automne, ou qui vais écrire un mode d’emploi sur comment porter un manteau en fausse fourrure. Moi je vais raconter pourquoi les baskets sont un outil de pouvoir pour les femmes… et les imperméables aussi. Je vais me demander pourquoi la diversité ethnique continue d’être à la traîne dans le mannequinat, ou depuis quand la géopolitique et les conflits armés influencent les défilés. Je vais faire une série d’entretiens dans lesquels des femmes m’expliquent les contraintes de leur garde-robe professionnelle. Ce genre de questionnements, de pas de côté. Ce côté hybride a toujours fait partie de mon identité. Je me suis toujours intéressée à la mode de manière périphérique, avec un regard oblique, alors que ma spécialité professionnelle était la pop culture. C’est avec cette perspective « marginale » que j’ai eu un blog mode à partir de 2006, puis que j’ai écrit des livres sur les vêtements en 2014 (« Antiguide de la mode ») et 2019 (« Le dressing code »), en maintenant une forme d’étanchéité entre le journalisme et ces parutions. La mode n’est devenue un champ journalistique que de manière très progressive / récente / ponctuelle. C’est ce qui fait la spécificité de mon profil aussi, j’ai un pied dans la mode mais aussi et surtout une forme de recul ou de décalage. 

Comment ce métier a t-il changé votre vie ?

Je continue d’avoir le même quotidien, que j’écrive sur la mode ou sur la pop culture et la société. À quelques détails près, mes journées se ressemblent. C’est un changement plutôt intime, psychologique. Me dire que j’écris dans le magazine que je lisais adolescente et qui a contribué à former mon œil. Mon identité de « lectrice du ELLE » a été très forte et continue de l’être, à tel point que je ne m’étais jamais imaginé y travailler avant que ça n’arrive. Malgré toutes les fois où on m’a dit « Je te verrais bien au ELLE » depuis que je suis journaliste. Ce changement-là est un cap très agréable à passer, parce que ça me permet de donner de l’écho à mes propres questionnements. À 42 ans, j’ai connu plusieurs morphologies, plusieurs styles vestimentaires, plusieurs budgets vestimentaires aussi maintenant que j’ai des enfants et moins d’argent pour m’habiller. Le vêtement « vécu » est vraiment ce qui m’intéresse le plus, ça suscite en moi une réflexion permanente d’autant que je suis vraiment une fille lambda, avec des moyens lambda. Plus modestes que chez certaines de nos lectrices ! Mais ça me permet de proposer, je le crois, un assez grand dénominateur commun. Les problématiques très concrètes de vêtements pratiques, les arbitrages qu’on fait quand nos moyens vestimentaires ne sont pas illimités, je les vis. Utiliser tout cela comme matériau de travail, c’est très enrichissant. Parfois les sujets coulent presque de source.

Quelles sont les compétences essentielles nécessaires pour réussir dans le journalisme de mode selon vous ?

Être connecté au réel, au quotidien, au corps, au mouvement. Les meilleurs textes sur le vêtement s’écrivent toujours comme ça. Même s’ils sont humoristiques d’ailleurs, comme j’ai pu le faire sur le ELLE.fr ou dans mon « Antiguide de la mode ». Tout, la drôlerie, le style, la désirabilité d’un vêtement naît d’un dialogue constant avec le réel, ce qui est praticable au quotidien et ce qui ne l’est pas. Ce qui va m’ennuyer profondément, c’est de lire un article vous encourageant sans ironie à adopter la tendance « no pants » ou le soutien-gorge apparent comme si c’était vraiment possible en 2023. Les articles un peu hors sol, ça ne peut pas être l’essentiel du journalisme de mode.

Quelle est l'importance de la collaboration avec d'autres professionnels de la mode, tels que les photographes et les stylistes ?

Comme je ne travaille pas sur des shootings mais sur des articles de décryptage accrochés à l’actualité, mes interlocuteurs à moi sont d’autres types de professionnels de la mode : sociologues et historien(ne)s de la mode, directeurs/directrices du style dans les grands magasins (qui auront une vision multi-marques), directeurs/directrices marketing de certaines griffes, porte-paroles qui vont me communiquer des informations au nom de la marque sans être identifiés nommément, spécialistes des bureaux de tendances éventuellement. Et puis il y a aussi les gens que vous appelez pour ne pas écrire de bêtise, comme Météo France quand vous faites un article sur les imperméables et qu’il faut vérifier la spécificité de la météo en 2023 par rapport à l’année précédente. Sur leur site, il y a beaucoup d’informations très détaillées et j’avais besoin d’être sûre de bien les formuler quand je les ai synthétisées. Donc j’ai eu une de leurs responsables presse. Ces interlocuteurs sont indispensables à votre travail. Ce sont eux qui vont prolonger et enrichir votre réflexion de départ, la faire rebondir, prendre des tournants inattendus, la « bétonner » aussi. Entre l’idée que vous vous faites d’un article avant de les appeler et le résultat, vous gagnez en nuances et en précision. Passer un coup de fil à un(e) sociologue ou un historien(ne) de la mode par exemple, c’est la garantie d’avoir 1) l’envie de ne jamais raccrocher 2) des perspectives nouvelles sur votre sujet et 3) des idées pour d’autres sujets à venir.

Quelles sont les journées et responsabilités typiques d'un journaliste de mode au quotidien ?

Ma journée type se passe dans mon bureau chez moi avec des coups de fil, des mails, de la lecture et de l’écriture. Je suis en 100% télétravail, je n’ai donc pas de réunions, de déplacements, et peu de reportage mode (j’en ai fait un ce mois-ci, mais ce n’est pas représentatif). Le plus important au quotidien c’est de gérer mon plan de travail parce que je fais plein de choses à côté (je donne des formations, j’écris un livre, je travaille sur un podcast, j’écris pour des entreprises) et donc de sanctuariser des plages horaires dans mon agenda. En anticipant beaucoup parce que même si je travaille en solo, je dois m’organiser avec l’agenda des autres : experts à interviewer, rédaction en chef qui va me relire / m’éditer, secrétariat de rédaction qui va mettre en page l’article et me contacter pour que je le relise dans la maquette, etc. Chacun a ses contraintes, deadlines et disponibilités. Ma responsabilité première c’est donc d’anticiper au maximum pour ne jamais être débordée. Et le cas échéant, de dire non à une demande de sujet si je ne peux pas tenir la deadline requise. Cela fait partie des décisions à prendre quand on n’est pas salarié. La gestion de l’agenda est essentielle, surtout quand on a des enfants, et que soirs et week-ends on coupe avec ce travail-là, quoi qu’il arrive. C’est un vrai confort par rapport au Parisien, où j’étais salariée et devais rester joignable 7 jours sur 7, soit pour réagir à l’actu en écrivant moi-même un article, soit pour aider mes collègues en leur donnant des contacts.

Quel est le salaire moyen d’un journaliste de mode ?

J’aimerais le savoir ! De mon côté, je suis free-lance, c’est-à-dire que je ne perçois pas de salaire (fixe peu importe le nombre d’articles que vous écrivez). Je suis payée à l’article, les tarifs varient entre le site web et le magazine et la proportion que ces rémunérations occupent dans mes revenus varie elle aussi d’un mois à l’autre selon les sujets que j’ai traités, si j’ai fait davantage de pop-culture / société, si mes sujets étaient faits pour le web ou pour le print, ou si j’ai passé plus de temps sur mes autres activités professionnelles. Je peux être payée 200 euros pour un article très long sur le web, 500 pour un autre qui sera plus court dans le papier, c’est variable.

Quelle est la partie que vous préférez le plus dans votre métier ?

Ce sentiment d’avoir mis le doigt sur un sujet. Ça se manifeste à toutes les étapes de sa fabrication, de la naissance de l’idée jusqu’au point final. C’est un biais assez journalistique d’ailleurs, car n’importe quelle idée ne devient pas un sujet. Dans votre cerveau, quand vous avez mis le doigt sur un sujet, c’est comme si un couloir lumineux s’allumait face à vous. Dans un bon sujet il y a tout ça : l’évidence, le chemin à suivre, et comment il est borné. Un bon sujet doit savoir à la fois ouvrir des portes et se tenir à son angle. Il faut laisser le lecteur à la fois avec des réponses et des questions supplémentaires. Par exemple, pour mon récent sujet sur les imper, on a renoncé à explorer l’historique du trench, pour se concentrer sur les imper oversized et pop du moment. On a fermé des portes et ce faisant, on a gagné de la place pour approfondir plutôt qu’élargir. Car quand vous ne bornez pas assez votre sujet, vous ne pouvez pas l’approfondir. Si je devais en donner une image, je dirais qu’il vaut mieux vaut creuser verticalement une problématique plutôt que de labourer en surface un champ entier, en restant superficiel. 

Pouvez-vous expliquer le processus de création d'un article de mode, de la recherche à la publication ?


Avant d’avoir un article à écrire, il y a les échanges avec la rédaction en chef sur les propositions de sujets, qui peuvent venir d’eux comme de moi. Ensuite vient la réflexion sur les experts et témoins à interroger (en variant les experts d’un article à l’autre), plusieurs tentatives parallèles pour être sûre d’avoir assez d’interlocuteurs dans l’article, leur donner des délais confortables de réponse, préparer une liste de thèmes à leur transmettre en amont, demander et recevoir les livres que vous aurez besoin de lire pour votre sujet aux maisons d’édition concernées, s’assurer d’avoir au plus vite la version PDF parce que la Poste va mettre du temps à vous livrer… Au final, la rédaction pure représente souvent moins de la moitié du temps que vous allez consacrer à un article. Et ensuite, quand vous êtes sur les réseaux sociaux comme moi, il y a tout le temps consacré à l’exposition de ce contenu une fois qu’il est publié. Écrire un petit texte pour accompagner un extrait de l’article, voire fabriquer un reel qui va vous prendre un peu plus de temps mais qui sera plus approprié pour certains sujets. Faire une copie de l’article et l’envoyer par mail à toutes les personnes qui vous ont aidé(e) à le faire, etc. Ça aussi, c’est du travail invisible mais qui prend du temps et est absolument essentiel selon moi pour que « l’histoire » d’un sujet soit aboutie, bouclée.

Comment gérez-vous les délais de publication serrés dans le journalisme de mode ?

Pour moi, ils ne sont pas si serrés que ça, parce que je viens de la presse quotidienne avec un bouclage par jour à mes débuts… puis plusieurs quand il a fallu commencer à écrire en temps réel pour le web, sans attendre le bouclage du soir et l’impression du journal. Du coup, je suis habituée à écrire assez vite, alors avoir plusieurs jours pour construire un article, c’est toujours royal. Mais parfois compliqué quand même !
Car les interlocuteurs traditionnels de la presse quotidienne ont une réactivité plus grande que ceux de la presse mode. Donc même si vous-même vous êtes très rapide, vos interlocuteurs ne le seront pas forcément. Chaque secteur d’activité a son tempo particulier, et vous ne pouvez pas débouler auprès d’une marque en exigeant qu’elle vous réponde sous 24h. Ce ne sera pas forcément dans son process, son circuit de validation interne, etc.

Quels sont les défis quotidiens auxquels les journalistes de mode peuvent être confrontés ? 

Pas seulement les fameux « marronniers », écrire pour la énième fois sur le même sujet parce que la mode est cyclique. À la fois elle l’est… mais il y a toujours un détail qui change, et qu’il va falloir cerner, expliquer. On en revient à cette histoire de pas de côté, d’où on écrit, d’où on regarde. Du coup ce qui me paraît le plus grand défi, qui est à la fois une aide immense et aussi un piège, c’est que sur la mode, vous pouvez écrire tout et son contraire selon votre point de vue. On a eu le cas de figure assez récemment au ELLE. Moi j’ai écrit un article avec un angle sociologique sur les baskets aux pieds des femmes cadres et dirigeantes. Tout le discours d’agilité physique et psychologique qu’elles représentent. Leur portée quasi féministe. Parallèlement, le hors série accessoires a publié un article « tendance » pour demander si les baskets n’étaient pas un truc de boomer complètement dépassé au profit des mocassins, derbies, etc. Pourquoi ? Parce qu’on ne parle pas des mêmes gens. Moi j’ai une approche plus mainstream qui est assumée. Si vous comparez le poids économique des deux marchés, les baskets restent leader de manière écrasante. Être sensible à ce qui vous entoure réellement ça me paraît primordial. On ne peut pas se contenter d’être à l’affût de la prochaine tendance, de ce que la plupart des gens ne portent pas encore. Moi en tout cas ça ne m’intéresse pas de faire ça et ça tombe bien, ce n’est pas ce qu’on me demande. Du coup nos deux perspectives se complètent. Et c’est un défi de le faire de manière cohérente.

Comment l'industrie de la mode influence-t-elle le contenu que vous créez ?

Comme la consommation grand public est vraiment ma porte d’entrée sur beaucoup de sujets, je vais être très attentive au discours et positionnement des marques pour en tirer des idées d’articles. En mode « vous voulez nous faire porter ça, pourquoi », ou « vous avez réussi à nous faire porter ça, pourquoi ». Et pour ça, j’utilise beaucoup Instagram. Je croise peu de gens au quotidien à cause du télétravail et de l’endroit où je vis, je n’ai pas le temps d’aller aux présentations presse des marques, donc pour sentir les sujets du moment il y a Insta. Sur cette plateforme, je suis exposée au même contenu que les lectrices du ELLE. J’observe l’activité de certaines marques, je regarde ce que les femmes portent, quels produits « prennent » ou reviennent, ce qui est dans l’air du temps. Les marques influencent donc mes choix de sujet, mais pas leur fabrication, parce que quand je n’ai pas les réponses que j’attends, je contourne l’obstacle, je complète avec un expert neutre, ou une analyse perso. À côté de ça, il y a évidemment tous ces sujets que vous ne pouvez pas écrire parce qu’il faut aussi être cohérent à l’échelle du magazine tout entier. Si les pages shopping vous recommandent des sacs à main, vous n’allez pas écrire tout le mal que vous pensez des sacs à main deux pages plus tard. 

Comment assurez-vous l’objectivité dans vos critiques de mode ? 

Je n’en écris pas donc pour l’instant je n’ai pas eu à gérer cette problématique.

Quelles sont les tendances actuelles majeures dans le journalisme de mode ?

Je ne saurais pas répondre à cette question au-delà de mon propre cas, qui est donc d’écrire sur le vêtement vécu, mainstream et sur les problématiques de confort, d’émancipation vestimentaire. Plutôt que sur la tendance de demain et/ou les looks inenvisageables dans la rue et tout le côté « hors sol » que peut avoir la presse mode quand elle s’adresse clairement aux happy few.

Quel est le rôle des influenceurs de mode dans le journalisme de mode aujourd'hui ? Avez-vous déjà collaboré avec des influenceurs/célébrités dans votre carrière ?


J’en ai déjà interviewé pour des sujets, y compris anonymement, car ce sont des gens qui documentent leur rapport au vêtement, donc vous pouvez vite voir s’ils s’inscrivent dans une tendance que vous avez envie d’analyser. Et vice versa, leurs contenus sont souvent inspirants en terme de sujets : leur façon de ranger leur dressing, de faire leur valise, ou de vouloir créer un look « quiet luxury » avec des marques abordables. Cela donne matière à réflexion. Quant aux célébrités, ça a été mon quotidien en tant que journaliste pop culture, pas mode.

Quels sont les moyens de développer un réseau professionnel solide dans l'industrie de la mode ? 

Quand vous travaillez avec des angles comparables aux miens, la priorité ce sont les sociologues / historiens de la mode. Ils ont tous des spécialités, approches différentes en fonction de leur parcours et de leur âge. Donc bien étoffer ce réseau-là en premier lieu, regarder les livres qu’ils sortent ou ont sortis, les lire, etc.

Et au-delà, je dirais qu’il faut chercher l’expert partout : vous pouvez repérer des gens intéressants déjà interviewés dans la presse comme en dénicher sur Instagram. Plus un profil est atypique, plus il peut vous donner des idées de sujets.

Donc commencer par se faire une petite base de données et l’alimenter au fur et à mesure. Vous faire recommander des confrères aussi par les experts eux-mêmes. Ensuite, une fois que vous êtes dans une rédaction, c’est la puissance de votre média qui va vous ouvrir les portes de tel ou tel interlocuteur.

Comment pouvez-vous réussir à vous démarquer dans un domaine aussi compétitif ? Quels conseils donneriez-vous aux personnes souhaitant poursuivre une carrière dans le journalisme de mode ?

Je vous dirais de ne pas attendre d’être « dans la place » pour avoir un propos sur la mode et le diffuser. Que ce soit via les réseaux sociaux, une newsletter, etc. Et de ne pas avoir peur du temps que ça prendra. Plus vous aurez de « vécu » avec vos propres vêtements, meilleur journaliste mode vous serez. Et si vous souhaitez vous démarquer, c’est justement ce vécu et ce propos qui vous rendront singulier, visible et donneront du concret aux rédactions, qui ne sauront pas forcément qui choisir à diplôme / parcours égal. Ce peut aussi être une carrière à laquelle on vient sur le tard, en ayant fait autre chose en parallèle.


RV le mercredi 31 janvier pour le prochain Debrief


📚 MIEUX VAUT EN RIRE

Dans le chapitre 15 de Glory Box paru ce mois-ci, je vous parle de clowns tristes. Et du drôle de rapport qu’on entretient entre journalistes et humoristes.
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C’est quoi, Glory Box ? ICI

💶 BILAN SHOPPING

Le mois prochain il n’y aura pas de Debrief pour cause de Bilan shopping annuel, lequel paraîtra sur mon blog début janvier, vous pouvez déjà consulter
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